LES ATELIERS MONÉTAIRES SOUS L'EMPIRE ROMAIN

On compte pas moins de 23 ateliers monétaires sous l'Empire romain. Certains ont été éphémères comme AMBIANVM (Amiens) créé en 350 par l'usurpateur Magnence, et clos à sa déchéance, en 353. L'atelier de Barcino, en Espagne, n'a pas été comptabilisé ; il n'a été ouvert que de 409 à 411 par l'usurpateur Maxime, un obscur faire-valoir du général Gerontius, qui s'était rebellé contre Constantin III et son fils Constans, eux-mêmes usurpateurs!

Vous trouverez ci-dessous, deux tableaux. Le premier situe les ateliers grosso modo dans l'empire. Le second détaille chaque atelier, avec sa date de début de frappe (quand elle est connue) et sa fermeture, et aussi les lettres d'atelier que l'on retrouve sur les monnaies.

 

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  Nombre d’ateliers
Italie 6
Gaule 4
(Grande) Bretagne 2
Balkans 6
Asie Mineure 3
Afrique 1
Égypte 1

 

 

      Provinces Périodes Lettres d’atelier
1 Aquilée 1 Italie Après 294 / 475 AQ, AQS, AVIL, AQOB, AQPS, SMAQ
2 Milan 1 Italie vers 260 à 475 MD, MED, MDOB, MDPS
3 Ostie 1 Italie De 308/313 OST, MOST
4 Ravenne 1 Italie Entre 393/423 – 475 RV
5 Rome 1 Italie clos en 476 R, RM, ROMA, VRB ROM, ROMOB
6 Ticinum (Pavie) 1 Italie de ? à 326 T, TT, PT, ST, BT, QT
7 Ambianum (Amiens) 2 Gaule belgique de 350 à 353 AMB
8 Arles 2 Narbonnaise de 313 à 475 A, AR, ARL, CON, CONST
9 Lugdunum 2 Gaule lyonnaise de -15 à 78, de 274 à 413 L, LG, LVGD, LVGPS, PLG, LA, LB,PL, LP, SML
10 Trèves 2 Germanie inférieure de 291 à 430 TRE, TROB, TR, ATR, STR, BTR, IITR, PTR, PTRE, SMTR, SMTRP, SMTRS, TRB, TRS, TRP, TROB, TRPS
11 Londres 3 Bretagne 287/325 puis 383/388 AVG, AVGOB, AVGPS, LON, PLN, PLON, MLL
12 Camulodunum ou Clausentum 3 Bretagne 287/296 C, Cl
13 Constantinople 4 Thrace Depuis 326 C, CP, CON, CONS, CONSP, CONOB
14 Héraclée 4 Thrace 291/457-474 HERAC, HERACL
15 Serdica (Sofia) 4 Thrace de 303 à 308 et de 313 à 314 SER, SERD, SD, SMSD
16 Sirmium 4 Pannonie vers 260 à 395 SIRM, SIROB, SM
17 Siscia 4 Mésie vers 260 à 387 SIS, SISC, SISCPS
18 Thessalonique 4 Macédoine 298/457-474 SMTS, TS, TES, TESOB, THS, THSOB
19 Antioche 5 Syrie Vers 260 / entre 457-474 AN, ANT, ANTOB, SMAN
20 Cyzique 5 Asie clos entre 457-474 CVZ, CVZIC, CVZICEN, K, SMK, MKV
21 Nicomédie 5 Asie après 294 NIK, NIC, NICO, SMN
22 Carthage 6 Afrique de 296 à 307 K, KAR, KART, PK, PKΓ, PKΔ, PKA, PKB, PKP, PKS, PKT
23 Alexandrie 7 Égypte Après 294/474 AL, ALE, SMAL

 

Voici, ci-dessous, quelques monnaies de l'empereur Constantin I, dit le Grand. Sous son règne, de 306-307 (en tant que César) jusqu'à son décès en 337, le nombre d'ateliers monétaires a été le plus important : soit 19 ateliers, répartis dans 19 cités de l'empire.

Pour illustrer le propos, ses monnaies semblaient aller de soi

Les portraits, eux aussi, donnent une indication de l'atelier de frappe d'où sont issues les monnaies, par leur esthétique particulièrement spécifique.

Nous avons des portraits hiératiques pour l'Asie, Carthage, les Balkans. Et des portraits plus réalistes à Rome, Londres, et en Gaule. Cependant, il faut noter que nous sommes désormais loin des portraits du 1e siècle. Dans cet empire gigantesque, on donne une image stéréotypée, voire idéalisée, de l'empereur. A noter, ce portrait pour Héraclée où Constantin semble lever les yeux vers le ciel ! Une preuve de sa chrétienté (?)!

Après les monnaies sur lesquelles il est aisé de déterminer l'atelier de frappe, passons aux monnaies pour lesquelles la chose est un peu plus compliquée. La raison en est simple : il n'y a pas, ou rarement, de lettres, d'inscription, permettant l'attribution à un atelier précis.

D'autant que, lors de longs règnes, les graveurs changent, et modifient le portrait de l'empereur.

En général, le portrait, permet au néophyte d'attribuer telle monnaie à tel atelier. En voici quelques exemples pour la 2e moitié du IIIe siècle.

Antoniniens de Valérien I

Dans l'ordre, atelier de :

Trêves - Rome - Samosate - Antioche

On voit tout de suite la difficulté de faire la différence entre Samosate et Antioche ! On est bien obligé de se fier aux auteurs pour l'attribution.

Antoniniens de Valérien II

Antoninien frappé à Trêves ou Cologne, et antoninien frappé à Viminacivm.

Les monnaies frappées à Viminacivm par ce graveur permettent une attribution sans erreur à cet atelier. Les monnaies de Valérien I, Valérien II, ou Gallien, sont tous de la même facture avec ce portrait pas très réaliste, et plutôt petit. Sur ces monnaies les empereurs se ressemblent souvent.

Antoniniens de Salonine

Le premier antoninien est une frappe de 266-267 de la série du bestiaire pour Gallien. Avant 260, le portrait est plus fin, plus réaliste.

Deuxième antoninien est sorti de l'atelier de Trêves, ou Cologne, avant 260.

Le troisième rappelle par sa facture, les antoninien asiatique : antoninien d'Antioche.

L'atelier de Milan propose, comme sur le 4e antoninien de Salonine, des portraits plus "épais", plus massifs. On les reconnaît facilement à  cela. On retrouve cette caractéristique sur les antoniniens de Gallien et Valérien I; c'est un peu moins vrai, pour nous faciliter la tâche, sur ceux de Salonin (Valérien II, n'a pas battu monnaie à Milan).

Au tout début du IIIe siècle, l'empereur Septime Sévère, né à Leptis Magna, en Afrique (Libye), battra monnaie, outre Rome, à Émèse (Syrie), Alexandrie (Égypte) , et Laodicée (Syrie ?).

Voici 5 deniers en argent frappés pour Septime Sévère. Les portraits sont variés, à condition de les examiner de près.

Premier : atelier de Rome.

Deux et trois : atelier de Laodicée.

Quatre : atelier de Émèse.

Cinq : atelier d'Alexandrie (?).

Il est évident que pour d'autres périodes, il est ardu de déterminer, à coup sûr, l'atelier de frappe de la monnaie que vous avez en main. Il est nécessaire de se fier aux experts. De nombreux ouvrages, les archives de grandes maisons de vente, vous permettrons de rapidement déterminer avec précision l'atelier se référant à votre monnaie romaine. Dans certains cas, outre l'atelier de frappe, vous connaîtrez aussi l'officine qui a frappé la monnaie.